Muscle peu connu et silencieux, on ignore bien souvent son fonctionnement et les effets de ses dysfonctionnements sur la performance. Ainsi lorsque le diaphragme est spasmé par le froid ou l’anxiété, la capacité à produire un effort est altérée.
Heureusement, les choses ne sont pas irréversibles. Il est possible d’apprendre à déspasmer ce muscle et à se libérer.
Qu'est-ce que le diaphragme ?
C’est un grand muscle strié qui sépare le "caisson thoracique" du "caisson abdominal".
Le diaphragme est un muscle aplati et mince à deux ventres opposés (droit et gauche), qui forment deux hémi coupoles à convexité supérieure. Ces deux ventres sont reliés par une membrane fibreuse.
Ce muscle participe à la ventilation pulmonaire : en se contractant, il crée une dépression dans les poumons, ce qui provoque l'entrée d'air. Son relâchement entraîne l'expiration passive. La contraction du diaphragme est réflexe. Mais, il est possible de la modifier volontairement.
Le diaphragme comprend des orifices :
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l’orifice de l'artère aorte et du canal thoracique
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l'orifice de l'œsophage
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l'orifice de la veine cave inférieure
Le diaphragme est aussi traversé par des nerfs (sympathique, splanchnique…).
Par ces orifices transitent la circulation sanguine et lymphatique de l’abdomen et des membres inférieurs, le bol alimentaire et des messages nerveux.
L’activité du diaphragme n’est donc pas sans conséquence sur ces transits.
Le diaphragme, cette autre pompe
Au cours de la respiration abdominale, les viscères thoraciques (poumons) et abdominaux (intestin, estomac, foie) sont massés.
Ceci provoque :
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un brassage des fluides,
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un transfert d’énergies (nutriments, oxygène, chaleur),
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un drainage lymphatique et sanguin.
Le diaphragme agit ainsi comme une autre pompe à fluides (sang, lymphe, air) qui se contracte environ 20.000 fois par jour !
La respiration abdominale profonde et continue, est ainsi utilisée dans différentes cultures pour rétablir les flux énergétiques et comme puissant déstressant (yoga, zen, mosuko).
Le diaphragme spasmé et ses effets
Ce phénomène existe sous deux formes :
Une contraction maintenue du diaphragme (crispation) limitant l’amplitude respiratoire, des soubresauts (hoquet). Ce phénomène peut aussi résulter de l’activité physique. En apnée volontaire (squat lourd, presse, lancer de poids, poussée en mêlée…), ses orifices sont bloqués ainsi que les transits ; la pression intra-abdominale et thoracique augmente pour finalement être libérée brusquement entraînant un coup de bélier au niveau du cœur par retour veineux. Ceci est à éviter chez les séniors.
Illustration tirée de "la Bonne Pratique de la Respiration", de Jean Louis Abrassart, Editions Guy Trédaniel.
Dans une moindre mesure, lorsque le diaphragme est spasmé (coup au plexus solaire, chute sur le dos, dos "bloqué"…), cela perturbe les activités digestives, énergétiques et respiratoires et par voie de conséquence, cardiaques et cérébrales (sensation d’oppression, anxiété, angoisse). Cette relation est réciproque : l’anxiété (compétition), l’angoisse, les troubles digestifs, les difficultés respiratoires … peuvent spasmer le diaphragme, au détriment du fonctionnement de l’organisme et des performances.
Avoir froid peut également spasmer le diaphragme.
Conclusion
Déspasmer le diaphragme est intéressant pour le sportif comme pour le sédentaire, à la fois pour des raisons énergétiques mais aussi mentales. La première phase de cet apprentissage consiste le plus souvent à ressentir avec les mains le gonflement du ventre à l’inspiration et son relâchement à l’expiration. La position allongée est la plus adaptée. La seconde phase consiste à presser avec les doigts le diaphragme sous les côtes et ainsi le masser à l’expiration. La difficulté consiste à conserver les grands droits de l’abdomen décontractés.
Les plus entraînés arrivent à terme à générer des flux de chaleur par la respiration abdominale dans n’importe quelle situation (assis, allongé, debout même exposé au froid, en mouvement voire en se déplaçant).
Une autre technique concerne les personnes qui ont reçu un coup au plexus solaire (sport de combat, rugby…). Après les avoir mis en position assise, placé debout derrière elle, il s’agit de tirer leurs bras vers le haut pour les aider à inspirer, puis de les masser depuis les clavicules aux grands droits pour forcer l’expiration.
Par ailleurs, lors de la réalisation d’exercices de renforcement du caisson abdominal, l’expiration entraînera une contraction du diaphragme qui, en faisant remonter celui-ci, libérera les pressions qui pourraient s’exercer sur le plancher pelvien.
par Rachid Ziane